Anne Larouzé
Intention de l’artiste
«Ayant vécu plusieurs deuils, j’ai été à chaque fois frappé par le manque d’attention autour des objets qui entourent aujourd’hui la mort et l’inhumation. J’ai le désir de réinvestir ces objets en revenant à l’essentiel de ces rites, y consacrer du temps et une qualité spécifique d’attention. Je souhaite mettre mes mains et mon savoir-faire à leur service, depuis le choix du matériau jusqu’à son départ de l’atelier. C’est pour moi une façon d’honorer l’existence de la personne défunte, riche d’avoir vécu, quel qu’ait été son chemin de vie.»
«Dust to dust» est une urne en argile. Une belle argile rouge que je cueille à la main dans la carrière qui jouxte mon atelier et que je prépare manuellement à chaque étape.
Cette demi-sphère, inspirée des formes simples des civilisations premières m’évoque la puissance, la possibilité de croissance et de régénération. La terre restera brute pour qu’elle puisse se décomposer et réintégrer rapidement les cycles du vivant. Selon les cartes géologiques, l’argile de cette carrière s’est déposée là il y a 57 millions d’années (ère du Thanétien). Considérer ce matériau préhistorique aide aussi à réintégrer l’existence de l’humain dans le cycle tellement plus large de la vie et à mieux appréhender l’éphémère de nos vies à l’échelle de l’histoire du monde.
«Les Pierres» sont au nombre de trois. Fabriquées dans une argile blanche, leurs formes s’inspirent des outils du Néolithique qui accompagnaient les défunts dans les tombes. J’imagine que ces trois urnes pourraient être inhumées au même endroit, mais aussi qu’elles puissent être réparties dans plusieurs lieux que la personne aurait follement aimés ou encore qu’une des urnes puisse rester du côté des vivants comme un reliquaire.»
Présentation de l’artiste
Artiste et artisan.e d’art, Anne Larouzé travaille l’argile depuis 2014 dans des projets d’art et de design d’objets avec une appétence pour les installations in-situ, à la rencontre d’un territoire ou d’un paysage, qu’ils soient gigantesques ou microscopiques. Diplômée de Sciences-Po Strasbourg, son parcours pluriel l’amène à favoriser des approches transdisciplinaires avec d’autres champs tels que les sciences physiques, la biologie et d’autres pratiques artisanales. Depuis peu, d’autres médiums viennent rejoindre cette base, élargissant le champ des possibles. S’appuyant sur la part souterraine d’inexpliqué qui traverse chacun/e. d’entre nous, son travail ne renonce pas au mystère et à l’émerveillement.
Anne Larouzé vit à Marseille et travaille à la Tuilerie Bossy de Gardanne.

