Camille Brabant des Isnards

Intention de l’artiste

«Mon attrait pour les rituels tient au fait qu’ils nous permettent de convoquer l’immatériel à travers la matière. L’acte symbolique permet de naviguer entre les mondes, y compris nos mondes intérieurs, en prenant soin de nos émotions. La mort me semblant être un passage d’un état à un autre, il me parait important de permettre au corps de poursuivre son processus de transformation et de régénération à travers la matière, tout en accompagnant la mémoire de cellui qui part. Cela touche à des enjeux à la fois philosophiques et écologiques, et accompagner la mort de manière harmonieuse, pour celleux qui partent autant que pour celleux qui restent, demande que l’objet funéraire soit à la fois simple et sacré, honorant la mémoire de l’individu autant que le vivant dans son ensemble.
Le genêt à balais est une plante qui apparait spontanément sur des sols épuisés par le surpâturage en régénérant la terre, rappelant ainsi la nature cyclique et résiliante du vivant.
J’ai souhaité travailler le geste répété devenant méditation, mantra, ce qui fait de la création de l’objet un rituel en lui-même. C’est une posture que le travail textile me permet de rencontrer régulièrement et qui donne une profondeur particulière au processus créatif, grâce à la qualité de présence qu’il suscite. L’humilité et le sacré, deux notions que je voulais conjuguer dans l’urne, me portent vers des volumes réconfortants, créant un espace protecteur qui annonce une transmutation prochaine, toute aussi précieuse à mes yeux dans la mort que dans la naissance.»

Présentation de l’artiste

«Passionnée par la relation entre le corps et son milieu, mon approche du design est étroitement liée à une recherche d’harmonie entre l’être et son environnement, que je ne regarde pas séparément. C’est cette relation entre corps et contexte qui m’a poussée à suivre une formation en design de mode à Paris, où j’ai acquis des compétences en stylisme, modélisme et design textile.
Après un bref passage dans le monde du luxe en footwear design, j’ai rapidement souhaité diversifier ma pratique et ancrer mon travail dans des problématiques qui me permettraient de mieux exploiter ma vision animiste du monde. C’est ainsi que je suis partie étudier au sein de la Design Academy Eindhoven, où j’ai notamment travaillé sur le projet Aether, dont l’un des volets traite de modes d’usage traditionnels des plantes médicinales, et l’autre du chanvre dans l’architecture.
En effet, mon approche m’a conduit à développer un lien profond avec le monde végétal, dont je tire beaucoup d’enseignements. Le chanvre, pour des raisons écologiques et techniques multiples, est resté le fil rouge de mon travail. En vivant dans les Pyrénées plusieurs années, j’ai fondé Cambis, mon studio de design et bureau d’étude principalement dédié au travail du chanvre textile. J’œuvre ainsi auprès de différents acteurs, du monde agricole aux industriels du textile, pour le développement de nouvelles filières chanvre en France. Je continue parallèlement à explorer les différents usages des fibres végétales diverses.»