Raphael Losfeld
Intention de l’artiste
Raphaël Losfeld est chercheur en mycologie et bio-designer.
«Rencontrer le champignon invite à questionner notre place dans le Vivant et reconsidérer nos propres
actions par son prisme fongique. En tant que designer éco-centrique j’ai trouvé dans le mycélium (la partie sous-terraine des champignons) la muse biomimétique, l’organisme exemplaire !
Le mycélium se présente comme l’allié infatigable aux milles et uns talents travaillant jours et nuits à dépolluer et fertiliser les sols ; à nourrir et connecter les plantes ; à coordonner le vivant ; à synthétiser des antibiotiques; offrir des solutions techniques, chimiques ou ingénériques aux enjeux actuels !
Je crois qu’il est temps de dépasser le paradoxal et antithésique « développement-durable ».
Il est trop tard pour le zéro impact, il faut réparer ! Régénérer ! Restituer les sols aux champignons, assister leurs mycorhyzes en soins à nos massacres écologiques. Et pourquoi pas oser entrer en mycocène, cette ère géologique où l’équilibre écologique global est exhausté à travers des symbioses biofongiques au bénéfice de toutes formes de vie.»
Présentation de l’artiste
« J’aspire à travers « Vaisseaux » à tendre un premier pont vers l’interconnexion de nos besoins humains et la prospérité de notre écosystème planétaire et faire de nos productions humaines et de nos corps, des amendements positifs et vertueux à la pédogenèse terrestre. De surcroit le sujet des objets rituels du deuil représentent de vrais enjeux humains, écologiques
et politiques cruciaux à adresser. Surtout que le mycélium en tant qu’organisme assistant la
dégradation de la matière aurait un rôle écologique primordial dans la transformation du corps en
humus et accompagnerait la dépouille du défunt vers une réintégration dans le vivant.
Qu’il s’agisse d’une urne comme d’un cercueil, ils seraient intégrés aux sols. En moins de 2 mois, le corps
serait nettoyé de ses toxines par les champignons puis décomposé en 2 ou 3 ans. Il ne s’agit
plus seulement de biodégradabilité mais véritablement d’améliorer la qualité des sols et de favoriser
l’émergence de la vie. Selon les résultats des premiers tests grandeur nature je serais en mesure de déterminer l’échelle des possibles. Aussi il pourrait s’agir d’un ensemble d’objets : urne funéraire, cercueil et linceul qui permettrait la réintégration du défunt dans le cycle du vivant selon son choix d’obsèques.
Pour l’urne en mycélium, Je suis tenté de reprendre l’esthétique intemporelle de l’amphore qui de
plus résonne bien avec les racines phocéennes de la cité.»

